L’intelligence artificielle ne remplacera jamais l’intelligence du lien
- cugnisi
- 19 juil.
- 3 min de lecture
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est partout. Elle nous épate, nous bouscule, parfois même nous inquiète. On la voit créer des images, écrire des textes, donner des conseils. Et dans le monde du cheval, certains commencent à l’imaginer en "expert santé", en assistant de soins, ou même en "coach" à distance.
Il existe déjà des projets de capteurs capables de mesurer le rythme cardiaque, d’analyser la locomotion, ou de suggérer un plan alimentaire.
Certaines plateformes numériques, couplées à des bases de données nutritionnelles, peuvent aujourd’hui générer des recommandations alimentaires automatisées. Mais ces suggestions, même enrichies par l’intelligence artificielle, restent des propositions standards, basées sur des moyennes.
Elles ne remplacent pas l’œil et l’expertise d’un humain formé, capable de voir l’animal dans son environnement, de ressentir son état général, et d’adapter la ration à un contexte réel, vivant, changeant.
Certains en viennent même à rêver d’une IA capable de détecter une douleur, de recommander un complément, de choisir une ferrure ou de déterminer, seule, la selle parfaite pour un dos équin donné...
Mais ne vous y trompez pas.
L’IA peut compiler des données. Elle peut croiser des milliers de cas, calculer des moyennes, faire apparaître des tendances. Mais ce que nous faisons, tous ceux qui travaillent au contact du cheval – soigneurs, praticiens, thérapeutes,... – dépasse largement ce que des chiffres peuvent dire.
Ce que nous faisons, c’est une lecture du vivant.
Un cheval, ce n’est pas une équation.
Ce n’est pas une suite de paramètres à cocher.
C’est un être sensible, complexe, vivant.
Chaque cheval est un monde. Il a son histoire, ses douleurs passées, ses sensibilités, ses habitudes. Il a aussi ses silences, ses subtilités, son langage non verbal. Et aucun tableau Excel, aucun algorithme, aucune base de données ne peut réellement capter la nuance d’un regard, la tension d’une oreille, la réaction au toucher, ou cette énergie imperceptible qui dit "quelque chose ne va pas".
Quand nous travaillons, nous observons. Pas juste avec les yeux. Avec toute notre attention. On regarde comment il bouge, comment il se tient, comment il respire, comment il réagit à notre présence. On écoute aussi ce que nous dit l’humain, ce qu’il ne dit pas, ce qu’il pense savoir, et ce qu’il ressent confusément sans pouvoir l’exprimer. Et à partir de tout ça — ce patchwork d’indices vivants — on fait des liens. On comprend. On choisit.
Ce n’est pas de la magie. C’est du vécu, de l’expérience, du terrain, des chevaux vus, touchés, accompagnés. C’est aussi de l’intuition — pas celle qui vient de nulle part, mais celle qui s’affine à force d’attention, d’écoute, d’erreurs aussi.
Et ça, aucune IA ne peut le simuler.
Un algorithme ne remplacera jamais la main posée au bon endroit au bon moment, ni le regard qui capte le petit signe qui change tout, ni le choix de faire un pas de côté, de changer d’approche, de poser une question différente, simplement parce que le cheval nous dit quelque chose que seul un œil humain peut entendre.
Alors bien sûr, l’IA peut être un outil. Elle peut nous aider à aller plus vite sur certaines choses, à gagner du temps dans la gestion, à élargir nos références. Elle peut enrichir notre boîte à outils, mais pas nous remplacer.
Parce que notre métier, c’est du lien.
Du vivant.
De l’adaptation.
De la présence.
Et rien de ça — rien — ne se code.








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