Le cheval naviculaire : comprendre, repérer et accompagner

Le syndrome naviculaire, parfois appelé maladie naviculaire, reste un sujet sensible dans le monde équestre. Il fait peur, il soulève des questions, et il est souvent mal compris. Pourtant, avec une bonne compréhension de la biomécanique du pied, une approche globale du cheval et une prise en charge cohérente, on peut réellement améliorer le confort et la longévité du cheval concerné.

Qu’est ce que le syndrome naviculaire

Le syndrome naviculaire désigne un ensemble de douleurs localisées dans l’appareil podotrochléaire, une zone comprenant l’os naviculaire, son cartilage, les ligaments associés et la bourse podotrochléaire. Ce n’est pas toujours une lésion unique, mais plutôt un ensemble de facteurs qui finissent par provoquer une gêne, puis une boiterie.

Les causes fréquentes

Plusieurs éléments peuvent contribuer à l’apparition du syndrome naviculaire:

• Sollicitations mécaniques excessives liées au travail, aux surfaces ou à l’entraînement.

• Parage ou ferrure inadaptés qui modifient les angles, augmentent les tensions, limitent la fonction naturelle du pied et peuvent favoriser la contraction du pied ou la fuite des talons.

• Facteurs systémiques comme un état inflammatoire chronique ou des compensations biomécaniques venant d’ailleurs dans le corps.

  
  

Les signes à surveiller

Un cheval naviculaire ne se manifeste pas toujours par une boiterie franche au début.

Voici les signaux les plus courants:

• Raideur en début de séance qui s’améliore petit à petit.

• Difficulté dans les demi tours serrés.

• Réticence à engager les postérieurs ou à se placer.

• Usure irrégulière des pieds et talons qui s’écrasent.

• Boiterie de bas grade, voir intermittente, qui apparaît surtout sur petit cercle.

  
  

Diagnostic vétérinaire

Le diagnostic repose sur plusieurs éléments:

• Examen clinique et locomoteur.

• Tests de flexion et travail en cercle.

• Anesthésies diagnostiques.

• Imagerie comme radiographies ou IRM pour préciser les structures atteintes.

Pronostic

Il existe trois grands profils dans le syndrome naviculaire, et ils n’ont pas du tout le même potentiel d’évolution.

Atteinte osseuse:

Quand le problème touche directement l’os naviculaire (remaniements, fissurations, dégénérescence), la récupération complète n’est pas envisageable. L’os ne revient pas en arrière. On cherche donc surtout à stabiliser l’évolution, réduire la douleur et préserver la locomotion sur le long terme grâce à une gestion adaptée du pied, de la charge et de l’environnement.

Atteinte tendineuse:

Quand l’inflammation ou les lésions concernent surtout les tissus mous comme:

• le tendon fléchisseur profond au passage sur l’os naviculaire

• la bourse podotrochléaire

le cheval présente généralement un bien meilleur potentiel de récupération. Avec un parage adapté, un travail progressif, un soutien ciblé et une gestion correcte de la douleur et de la charge, beaucoup reprennent un niveau de confort durable.

Atteinte ligamentaire:

Les ligaments de l’appareil podotrochléaire, comme les ligaments collatéraux du naviculaire ou le ligament suspenseur de l’os naviculaire, peuvent aussi être lésés. Cela crée souvent une douleur diffuse, une petite instabilité locale et une locomotion irrégulière. Leur capacité de cicatrisation est intermédiaire: meilleure que celle de l’os, mais plus lente et moins fiable qu’un tendon. Un parage rééquilibré, une gestion progressive des charges, du repos actif et un soutien adapté permettent souvent une nette amélioration, à condition de respecter les temps de cicatrisation ligamentaire.

Un cheval naviculaire n’est pas automatiquement condamné. Beaucoup reprennent un travail confortable si les causes mécaniques et environnementales sont corrigées. Le pronostic dépend surtout de la précocité du diagnostic, de l’adaptation du parage ou d'orthèses et de la gestion globale du cheval.

Approches de prise en charge

Approche podologique:

En podologie équine, l’objectif est de restaurer la fonction naturelle du pied pour réduire les tensions sur l’appareil podotrochléaire. Cela inclut:

• Récupérer une fourchette active et porteuse.

• Ouvrir progressivement les talons contractés.

• Redonner de la mobilité à la boîte cornée.

• Rééquilibrer les leviers afin de diminuer la charge sur l’os naviculaire. Un suivi régulier et une adaptation fine à l’évolution du pied sont essentiels.

  
  

Approche naturopathique:

La naturopathie équine peut soutenir le cheval naviculaire en travaillant sur:

• La gestion de la douleur et de l’inflammation globale du corps.

• Le soutien du système musculo-squelettique.

• L’amélioration de la circulation et du drainage.

• Le renforcement des tissus conjonctifs. Selon l’accompagnement choisi, on peut utiliser des plantes, minéraux ou techniques manuelles en cohérence avec l’avis vétérinaire.

  
  

À propos des traitements classiques

Certaines approches vétérinaires comme l’aspirine sur le long terme ou des molécules telles que le Tildren sont parfois utilisées pour gérer la douleur ou ralentir certaines évolutions osseuses. Elles ont leur utilité dans un cadre précis et doivent toujours être discutées avec le vétérinaire afin d’éviter les interactions ou les contre-indications.

Approches de prise en charge complémentaires

Au delà des traitements médicaux, la gestion d’un cheval naviculaire repose sur plusieurs axes essentiels:

• Adaptation du travail avec des exercices progressifs, moins de cercles serrés, davantage de lignes droites et un renforcement musculaire ciblé.

• Prise en compte de l’environnement comme les surfaces, le mode de vie et la liberté de mouvement.

• Approche globale du corps car un pied douloureux entraîne souvent des tensions et des compensations.

Conclusion

Mieux comprendre le syndrome naviculaire permet d’agir plus tôt et plus efficacement. Le rôle de l’équipe humaine autour du cheval est essentiel pour lui redonner du confort et préserver sa locomotion dans le temps.

Texte relu et affiné avec l’aide de Holistic Hoof Care.